Qualité de service, consommation énergétique, coûts d’exploitation… : optimiser l’aménagement des salles informatiques est un art pluridisciplinaire, d’autant plus dans le contexte de densification et de croissance exponentielle des besoins. Pour obtenir le meilleur rendement sur le long terme, il s’agit aussi d’anticiper les besoins du futur, tant en termes technologiques que business.
L’urbanisation d’un data center : l’art de penser à tout
En très peu de temps, les data centers ont connu une exceptionnelle densification, grâce à des matériels informatiques de plus en plus performants. Aujourd’hui, six baies permettent de fournir la même capacité qu’une salle informatique de 400 m², dix ans auparavant ! En parallèle, IDC anticipe que la « datasphère mondiale » atteindra 163 zettaoctets (163 mille milliards de gigaoctets) en 2025, soit 10 fois plus qu’en 2016 avec 16,1 Zo.
Pour faire face à cette croissance accélérée des besoins de stockage, les responsables de data center développent de nouvelles approches pour optimiser en continu les salles informatiques et leur rendement associé. Ceci requiert des expertises sur l’ensemble des éléments qui contribuent au bon fonctionnement des centres de données : architecture du système d’information (typologie de serveurs hébergés, câblage réseau…), infrastructures du data center (capacité, alimentation électrique, systèmes de refroidissement, système de câblage à haute densité) et bâtiment (surface, sécurité, sureté…). La modélisation fine de ces éléments, à l’aide de simulations thermodynamiques, permet d’optimiser l’urbanisation en amont des travaux de construction d’un nouveau data center ou de transformation d’un site existant.
Une exploitation rigoureuse du data center
Penser l’urbanisation en amont de la mise en production d’un data center est indispensable, mais non suffisant. En l’absence d’une exploitation rigoureuse de la salle informatique et de ses actifs, le rendement peut rapidement se dégrader. Cela implique de s’outiller d’une solution DCIM (Data Center Infrastructure Management) pour suivre et gérer l’ensemble de ces ressources, de formaliser et d’appliquer des procédures documentées, et de définir les indicateurs clés (KPI) à suivre – durant les phases de build et de run – pour piloter le data center à court, moyen et long termes (taux de disponibilité, capacity planning, énergie nécessaire au fonctionnement des équipements, PUE, etc.). Il est à noter que les outils de DCIM évoluent en permanence, si bien qu’il est nécessaire de se former en continu pour en exploiter tout le potentiel.
L’anticipation : clé de voûte d’un data center performant
Au-delà des éléments endogènes du data center, effectuer une veille technologique est indispensable : c’est en connaissant parfaitement les possibilités offertes par le marché qu’il est possible d’aménager et de maintenir son data center à l’état de l’art, en fonction des évolutions technologiques. Refroidissement par immersion, ordinateur quantique, intelligence artificielle, connectivité sans-fil indoor, edge computing, ou encore structures hybrides hyperconvergées sont autant d’évolutions à évaluer et à intégrer dans l’urbanisation d’un data center en 2018, pour optimiser ses performances, sa durée de vie, et par voie de conséquence, ses coûts d’exploitation globaux. La connectivité aux infrastructures réseaux, via la fibre ou la 5G notamment, jouera en particulier un rôle crucial dans les prochaines années pour augmenter les débits et réduire la latence.
Pour autant, et malgré un certain nombre de best practices, il n’existe pas de recette miracle à l’urbanisation et à l’exploitation d’un data center. Le sur-mesure est de rigueur : chaque entreprise et chaque métier est unique. Cela se traduit par des procédures d’exploitation et d’urbanisation spécifiques à chaque site. Avec la poursuite de la loi de Moore et les développements continus de la R&D, notamment dans les domaines de la performance énergétique, nul doute que le champ d’action de l’urbanisation va encore connaitre des évolutions dans les prochaines décennies.
Par Frédéric Perrigault, directeur du département conseil et ingénierie IT, APL