Si dans certains cas les objets connectés et applications associées permettent de réaliser des gains opérationnels, économiques et/ou environnementaux, leur utilisation est loin d’être neutre sur le plan environnemental. L’analyse du cycle de vie (ACV) complet des projets IoT, pour mesurer leur balance environnementale, reste le moyen le plus efficace de s’assurer que les gains attendus seront bien au rendez-vous.
Impact environnemental : des objets connectés à la fois « juges et parties »
En quelques années, les objets connectés se sont démocratisés dans de nombreux secteurs (data centers, domotique, supply chain, sites industriels, réseaux d’eau, etc.) pour les services à valeur ajoutée qu’ils apportent. Ils permettent de mesurer et de suivre des indicateurs en vue de créer de la valeur et d’optimiser les processus opérationnels (alertes proactives, anticipation des pannes, diagnostic intelligent…), mais également de réduire les impacts environnementaux (maîtrise des consommations d’énergie, d’eau, de ressources primaires, réduction des déchets etc.).
Cependant, en tenant compte de l’ensemble de leur cycle de vie, les objets connectés sont eux-mêmes sources d’impacts environnementaux, du fait notamment de leur électronique embarquée et de leurs passerelles de connexion aux réseaux de télécommunication. L’analyse du cycle de vie (ACV) de ces IoT, depuis les matières premières nécessaires énergétiques et non énergétiques nécessaires à leur fabrication jusqu’à la gestion de leur fin de vie (DEEE) en passant par le transport, la distribution et l’utilisation qui en est faite, démontre que la phase qui consiste à les fabriquer est clairement celle dont l’impact environnemental est le plus important (notamment du fait de l’usage de métaux rares).
Sans compter que ces objets ont une durée de vie très variable entre un et dix ans, la durée de vie du « capteur » étant directement liée à celle de l’équipement auquel il est associé.
Balance environnementale d’un projet : séparer l’objectif de la réalisation
De ce fait, tout projet IoT, visant à optimiser un processus ou à réduire l’impact environnemental de quelque processus que ce soit, est à envisager en tenant compte de son impact environnemental global. Pour s’en assurer, il s’agit de mesurer d’un côté les gains potentiels de l’optimisation du processus concerné (impacts évités), et de l’autre les coûts environnementaux sur l’ensemble du cycle de vie des objets connectés nécessaires à la réalisation de ces gains (impacts générés).
Il s’agit de calculer la balance environnementale d’un projet. Dans le cas d’une balance positive significativement (donc avec un impact final sur l’environnement), il ne s’agit pas d’abandonner le projet, mais plutôt de trouver les solutions adaptées ou les leviers d’éco-conception pour que les services numériques proposés à partir des objets connectés soient les plus frugaux possible. Et ainsi atteindre une balance environnementale négative, c’est-à-dire qui permette concrètement d’ « éviter » des impacts sur l’environnement.
En d’autres termes, l’analyse du cycle de vie de bout en bout d’un projet IoT aboutit à la mise en œuvre de projets réellement efficaces tant sur le plan de la performance opérationnelle que de l’environnement, bâtis sur des résultats qu’il est possible de prouver. Et d’éviter de potentielles démarches de « green washing ».
Quels leviers d’action pour réduire l’impact environnemental des projets IoT ?
Afin de réduire l’impact environnemental d’un projet IoT, plusieurs leviers d’actions sont possibles. Un projet IoT frugal commence par un travail sur les équipements en eux-mêmes. D’une part, avec une éco-conception des équipements pour en améliorer la durabilité : matériaux économes en énergie et en ressources, batteries optimisées, etc. Et, d’autre part, en optimisant le nombre d’objets communicants. Ainsi, il est généralement plus efficace de déployer un nombre restreint d’objets plus intelligents et robustes qu’une multitude d’objets qui ne font que reporter des données.
Toujours en matière de déploiement, il est également essentiel d’ajuster le volume d’objets connectés aux besoins dans la durée. Autrement dit, les capteurs ont-ils besoin de rester en place pendant une durée indéterminée ou peuvent-ils être « recyclés » sur d’autres projets ?
Enfin, pour réduire l’impact environnemental des projets IoT, la partie centralisée de la solution doit également être optimisée. Sa conception doit permettre une collecte, un traitement, un reporting et un stockage des informations dimensionnés aux besoins précis des projets.
En conclusion, face au foisonnement des projets IoT, à la fois pour des usages personnels et professionnels, il est indispensable d’intégrer les enjeux environnementaux dès la conception des services numériques pour éviter une dispersion massive d’équipements électroniques. Lesquels nécessitent des ressources et génèrent des impacts à toutes les étapes de leur cycle de vie.
Par Georges Ouffoué, docteur en informatique, responsable « Lab by APL », APL Data Center.